Le 4 juillet 2020 dans le silence recueilli du cimetière de Vauvert, El Campo a rendu hommage à son président historique, Robert Laurent, décédé le 17 décembre 2019.
Après un discours émouvant du président Patrick Bricongne la dépose d’une plaque, un verre de l’amitié en sa mémoire a été servi a la bodega

Hommage à Robert Laurent,

Robert, notre ami à tous, ici présents aujourd’hui.
Voilà maintenant, bientôt 6 mois, que tu as eu cette mauvaise idée de nous quitter pour d’autres campos, éternels ceux ci, afin d’aller voir cette fameuse corrida, dont tu rêvais tant, dans ton imaginaire. Et que seul, le bon dieu est capable de réunir pour toi. Cela faisait parti des discussions que nous avions ensemble, dans cette impressionnante maison de village rue de St Gilles, où Paulette t’attendait patiemment et que j‘imagine toujours sortie tout droit d’un roman Ernest Miller Hemingway, tant elle est chargée d’histoires, de toiles de peinture ou encore d’objets de toutes sortes rappelant aux visiteurs,qui l’auraient oublié,ta passion sans limite pour la tauromachie espagnole

Je me souviens de ce repas chez moi avec Marie Jo. Il y a bien longtemps déjà, où un peu comme Garcia Lloorca nous étions en quête d’absolu… Alors, nous rêvions d’Andalousie, de corridas, de campos, de toros et surtout de maestros car il faut bien le dire Robert, tu étais plus toreriste que toriste et quand je te disais que j’allais à la féria de Vic Fézensac, tu me répondais « que çà ne valait rien » avec ton petit sourire en coin, et que j’allais à la « féria des ouvriers » ce qui n’était pas totalement faux je l’avoue, mais çà te ressemblait pleinement, mais surtout, çà me faisait rire.

Je me souviens aussi de cette visite que je t’avais rendu un samedi matin, il y a maintenant trois ans et demi. Il pleuvait, tu n’étais pas allé au marché,tu m’attendais sur ton canapé, et tu savais pourquoi je passais te voir.
Je venais te demander,timidement, ta bénédiction afin d’avoir ton consentement pour présider les destinées d’El Campo, que Robert Mattonai m’avait proposé, quelque temps auparavant pour le remplacer.
Mais sans ton accord, Robert, je n’aurai pas accepté le poste, je peux bien l’avouer aujourd’hui. Tu étais enthousiaste, content, rayonnant. Ça m’a fait réellement plaisir, mais surtout conforté dans mon idée.

Je me souviens encore des mots que tu m’avais dit ce jour là. Et je devinais dans tes mots tout l’amour et toute la passion qui t’habitait et que tu avais pour El Campo, j’ai compris ce jour là, que ce n’était pas simplement une association taurine, c’était bien plus que çà pour toi. C’était un peu ton enfant. Tu l’avais modelé à ta façon et tu avais une idée très précise de la direction vers laquelle il fallait cheminer. Et ce jour là, tu m’as montré le chemin à suivre.
Tu souhaitais surtout que le club perdure, il était impensable pour toi, que le club s’arrête comme çà du jour au lendemain, faute de pérennité.
Il fallait que cela continu, avec ce même amour et cette même passion pour la tauromachie espagnole que tu avais en toi, Robert.
Je ne trahirai pas, sois en sur.

Tu avais, c’est vrai, une sacré personnalité et puis une cette élégance dans ta tenue, dans ta façon de parler avec ce petit accent pointu qui obligé, c’est vrai aussi, ton interlocuteur à prêter une attention toute particulière à ce que tu disais. Un sacré personnage, je vous l’assure. Il suffisait d’admettre une évidence pour que tu es cette fantaisie d’avoir l’art de contrarier ton interlocuteur et de dire tout son contraire faisant croire d’admettre un contre-pied flagrant, pour que quelques instants plus tard, tu éclates dans un rire moqueur qui faisait comprendre à la personne en face de toi que tu avais voulu plaisanter.
Çà, c’était tout toi …
Tu aimais aussi qu’on parle football, ton autre passion, toi qui avait été un excellent footballeur en ton temps. Mais ce qui t’importait le plus, c’était Nîmes Olympique, auquel tu t’étais abonné avec tes amis de la tribune sud et pour lequel tu défendais les couleurs en tant que fervent supporter. Tu aimais le beau jeu, les beaux joueurs comme pour les maestros tu appréciais par dessus tout la classe et les beaux gestes.

Tu étais aussi Robert, un aficionado averti. Tu aimais les maestros andalous. Tu adorais l’Espagne, ce n’est un secret pour personne. Mais pardessus tout, tu aimais l’Andalousie et Séville, cette ville où tu adorais te perdre, comme tu me disais, pour mieux te retrouver à la recherche de cette Espagne que tu appréciais.

Ta bonne humeur, ton entrain, ton coté rassembleur, ta convivialité, ta gentillesse et ta compétence avait fait de toi un interlocuteur incontournable, reconnu de tous les aficionados de la région.
On ne préside une association comme El Campo pendant 22 années comme çà, par le fait du hasard.
Tu étais et tu resteras le président d’El Campo …
Alors Robert, te voilà maintenant assis, là, au premier rang dans cette arènes du paradis, sous un soleil radieux.
Marie Jo est là, assise à tes cotés…
Tu souris, toujours égal à toi même, tu es heureux….
Tu vas pouvoir enfin la voir cette corrida de tes rêves.
Tous le monde est en place… Les clarines résonnent
Envoyez Carmen… et laissez nous rêver…
Hasta luego, Président…
Au revoir, Robert.

P.B. le 4 Juillet 2020